La réforme de la pêche européenne a été votée, mettant l’Europe sur le c

Océans

La Cour des Comptes dévoile comment nos impôts financent la surpêche

La réforme de la pêche européenne a été votée, mettant l’Europe sur le cap d’une meilleure gestion. Mais il est nécessaire qu’elle ait les moyens de sa mise en œuvre et il nous est aujourd’hui permis d’en douter…

(c) Virginia Lee Hunter / Greenpeace

C’est quelques jours avant la négociation du volet financier de la Politique commune de la Pêche (PCP), qu’une onde de choc a traversé ce petit monde politique : la Cour des Comptes révèle, dans un rapport daté de 2010 mis en ligne par Le Nouvel Observateur, que les aides publiques destinées à la pêche française ont été distribuées sans aucune stratégie économique pour le secteur, et en complète contradiction avec les objectifs environnementaux de la politique européenne.

Les millions d’euros de subvention n’ont pas permis de créer d’emplois

Sur la période 2000-2009, le montant des aides versées, soit plus de 500 millions d’euros, est quasiment égal à la valeur produite par les entreprises de pêche. Dans les 20 dernières années, le nombre d’emplois du secteur a été diminué par deux. Les subventions ont été utilisées de manière inefficace, pour la construction de nouveaux bateaux trop grands et leur modernisation, tout en concentrant les efforts de réduction de la flotte des plus petits navires : une aberration !
Les politiques publiques ont ainsi largement participé à créer une surcapacité de pêche qui n’a fait qu’augmenter la pression sur les stocks de poissons. Le résultat : des entreprises de pêche non viables économiquement dans un contexte de rareté accrue de la ressource et d’augmentation du coût du gasoil.

Le gouvernement et l’administration naviguent à vue dans le secteur de la pêche

Le rapport accuse l’administration d’avoir distribué l’argent pour « maintenir la paix sociale dans les ports« , en réaction à des situations d’urgence. L’usage de la manne publique a été plus souvent dicté par des contraintes politiciennes que par une volonté d’aller vers une pêche durable. Or ce sont les mêmes décideurs qui sont responsables de ces situations d’urgence, puisqu’ils ont financé la mise en place d’une flotte de pêche surdimensionnée, que le rapport qualifie de « machines à tuer » par rapport à la disponibilité de la ressource. Une flotte utilisant des techniques de pêche coûteuses en raison de leur très forte consommation de gasoil, comme le chalutage profond. (lire notre dossier).

Une fois les « machines à tuer » fabriquées grâce aux techniques modernes acquises, il fallait impérativement les faire travailler, pour occuper les équipages, rembourser les emprunts, payer les charges. »

À droite comme à gauche, les politiques français s’appliquent à creuser le gouffre

Alain Cadec et Isabelle Thomas, députés européens, défendent dans le cadre du volet financier de la PCP le retour des aides à la construction et le maintien des aides à la « modernisation ».
Ces responsables mettent toute leur énergie à défendre les mécanismes qui ont conduit au déclin économique de la pêche. Le contexte de crise économique que nous connaissons impose plus que jamais l’arrêt du gaspillage de l’argent public. Les investissements du gouvernement doivent bénéficier à l’intérêt général, à la préservation des ressources halieutiques et au développement d’une pêche durable, à faible impact, fournissant des produits de qualité pour les consommateurs.

Diminuer la capacité de pêche et favoriser les meilleures pratiques

Rappelons que la solution pour garantir un avenir au secteur de la pêche, c’est de diminuer la capacité de pêche là où c’est nécessaire, pour la mettre en adéquation avec la disponibilité de la ressource sur le long terme. Il est urgent de faire une place juste aux pêcheurs qui ont les meilleures pratiques, comme les pêcheurs artisans.
Frédéric Cuvillier, Ministre en charge de la pêche, doit suivre le cap européen. Pour que nous ayons en France, enfin, une politique qui bénéficie à l’intérêt du plus grand nombre de pêcheurs … et de citoyens.