Ne vous laissez pas duper par Petit Navire.
Décryptage.

Océans

Petit Navire innove…dans le greenwashing !

Ne vous laissez pas duper par Petit Navire. Décryptage.

Presque un an après le lancement de notre campagne contre la pêche intensive pratiquée par les thoniers senneurs, Petit Navire vient de sortir un nouveau site internet : questiondeconfiance.fr. Leur but : renforcer le lien avec les consommateurs qui se sont détournés de la marque grâce à un discours rassurant sur la traçabilité et leur politique d’approvisionnement.

Mais Petit Navire emploie délibérément des formulations ambiguës et donne des informations partielles qui perdent les consommateurs. La réalité est que Petit Navire est très loin d’être un champion de la durabilité. L’immense majorité du thon vendu par Petit Navire est pêchée grâce à des méthodes non sélectives comme la senne déployée sur DCP (dispositif de concentration de poissons).

DCP océan indien

La gestion de la ressource

« Le thon reste aujourd’hui l’une des espèces les plus encadrées et les plus contrôlées au monde ».
« Les stocks sont régulièrement réévalués par les ORGP (Organisation régionale de gestion des pêches) afin que les mesures telles que des quotas soient mises en place quand cela est nécessaire ».

Affirmation intéressante… D’autant plus intéressante que les données scientifiques sur l’état des stocks de thons demeurent incomplètes. Par exemple, le comité scientifique de l’[tip Organisation régionale de gestion des pêches. Ces instances réunissent les pays chargés de la gouvernance des pêches sur les grandes aires océaniques]ORGP[/tip] de l’océan indien, chargé de l’évaluation des stocks de thons, affirmait en 2014 que les dernières données disponibles pour évaluer le stock de thons albacores dataient de 2012. Les scientifiques savent cependant que les captures ont fortement augmenté depuis 2012, au-delà de la limite qui permettrait de maintenir le stock à un niveau durable.
Il y a un consensus entre scientifiques, ONG et industriels du secteur thonier pour dire que la capacité de pêche est trop élevée par rapport à la quantité de thons disponible.
Il n’existe aucun quota pour la pêche des thons tropicaux. Il n’y a quasiment aucune mesure de gestion contraignante pour la pêche des thons tropicaux. Comment parler d’une pêche bien encadrée lorsqu’on ne connait même pas le nombre de DCP actifs ?

La méthode de pêche

« Aujourd’hui, la maison-mère de Petit Navire privilégie 3 méthodes de pêche pour ses approvisionnements en thon : la pêche à la senne en bancs libres, la pêche à la senne avec DCP, et la pêche à la canne. C’est le bon équilibre entre ces différentes techniques qui permet, selon nous, d’optimiser la gestion des ressources et d’assurer ainsi le renouvellement des espèces.
Nous considérons qu’il est préférable d’avoir un équilibre entre les 3 différentes méthodes de pêche (…) pour en limiter l’impact écologique. »

Petit Navire doit avoir une définition de l’ « équilibre » bien particulière : d’après leurs propres déclarations, [tip Données transmises par Petit Navire en 2014]moins de 2% du thon vendu par Petit Navire sont pêchés à la canne[/tip]. Et faute d’une traçabilité efficace, Petit Navire n’est pas capable de prouver quelle quantité de thons dans leur approvisionnement est pêchée à la senne sur bancs libres. Par ailleurs, la flotte de la maison-mère de Petit Navire, MW Brands, est constituée de thoniers senneurs qui pratiquent la pêche sur DCP, et ne compte aucun canneur.

Purse Seiner Fishing in the Indian Ocean

« La pêche avec DCP est, selon nous, l’une des plus efficaces et l’une des plus sélectives qui existe. (…) Nous nous efforçons d’améliorer sans cesse cette méthode en remplaçant les DCP par des DCP écologiques. »

Nous l’avons dit : au niveau mondial, la pêche thonière tropicale sur DCP génère 2 à 4 fois plus de rejets que la même pêche sans DCP. Jusqu’à 960 000 requins soyeux sont tués par les DCP chaque année, rien que dans l’océan Indien. Ils figurent sur la liste rouge des espèces menacées de l’UICN. En outre, les DCP entraînent la prise de thons juvéniles (thons albacores et obèses). Cela fragilise la capacité du stock à se reproduire.
L’impact des DCP est démultiplié par la prolifération totalement hors de contrôle du nombre de DCP utilisés par l’industrie.

« A partir du mois de juillet 2015, 100% des DCP déployés pour la flotte de notre groupe MW Brands seront écologiques ».

Un peu de sérieux : les DCP « écologiques » n’ont d’écologique que le nom. S’ils permettent de réduire l’emmêlement des requins et des tortues, ils n’empêchent pas la concentration des requins et autres espèces autour du DCP. L’invention du DCP « écologique » consiste à modifier quelques détails à la marge, comme les matériaux utilisés pour leur fabrication en optant pour des matières biodégradables plutôt que pour du plastique. Cela n’améliore en rien la sélectivité de l’engin de pêche.

La zone de pêche

« L’océan Atlantique est sous vigilance spécifique en ce qui concerne le thon albacore. C’est pour quoi nous avons décidé d’augmenter la part de nos approvisionnements en provenance de l’océan Indien et de réduire celle en provenance de l’océan Atlantique ».

C’est vrai, le thon albacore de l’Atlantique est considéré comme surpêché. Si Petit Navire souhaite réorienter ses approvisionnements sur l’océan Indien, rappelons que la flotte de bateaux de la maisons-mère de Petit Navire, constitué de 8 thoniers senneurs et capturant chaque année 26 500 tonnes de thons, est basée au Ghana… et réalise 100% de ses prises dans l’océan Atlantique !
Ce thon est utilisé pour la marque Petit Navire en partie, et pour d’autres marques vendues en France et à l’étranger.

Investir massivement dans la communication ne masquera jamais l’inaction. Surtout lorsque cette communication est biaisée. Petit Navire doit prendre des engagements concrets pour améliorer la durabilité de son approvisionnement et développer des plans d’action pour les mettre en œuvre. Pour l’instant, nous attendons toujours.

Rejoignez les 80 000 personnes qui ont déjà interpellé le directeur de Petit Navire pour lui rappeler le carnage causé par les DCP sur les ressources marines.